Soutenir un pays sur le chemin de l'autosuffisance
Au cours de ses trois années de travail en tant qu'Export Manager chez Koudijs, Mark Hop a vu les besoins de ses clients et le marché ivoirien évoluer de plus en plus. Il a également noté le changement d'orientation du gouvernement qui aspirait à l'autosuffisance en protéines animales. Avec à la clé d'incroyables opportunités pour les personnes impliquées dans l'agriculture. "En particulier pour les éleveurs de bétail qui pourront ainsi développer leurs activités, et pour les agriculteurs, qui pourront produire des matières premières pour la production d'aliments pour animaux"
Voici plus de dix ans, l'histoire récente de la Côte d'Ivoire a connu un tournant. Jusqu'en 2011, ce pays d'Afrique de l'Ouest a été en proie, pendant des années, à des troubles politiques ayant entraîné une incertitude économique. Autrefois considéré comme l'un des pays les plus prospères d'Afrique, sa population et son économie ont subi de graves atteintes. Dans sa stratégie de relance économique, le gouvernement a identifié l'agriculture comme un secteur pouvant jouer un rôle important dans la réalisation d'une croissance économique soutenue. Cette stratégie comportait des objectifs visant à réduire la dépendance à l'égard des importations, à augmenter le niveau de vie de la population et à améliorer l'offre de protéines animales abordables. La Côte d'Ivoire a depuis longtemps la réputation d'être le premier producteur mondial de cacao. Le pays est autosuffisant en manioc, en igname et en bananes. Cependant, elle est toujours tributaire des importations de protéines animales et d'aliments pour animaux, produits grevés de droits et de taxes à l'importation qui augmentent le prix des aliments pour animaux et, donc aussi la valeur marchande de la viande.
Début 2020, Mark Hop et son directeur Wim Bolder ont réfléchi conjointement. " Pour que nos clients puissent augmenter leurs chiffres de production et contribuer à un accès local à des protéines animales sûres, nutritives et abordables, ils devaient disposer d'aliments pour animaux abordables et de première qualité ", explique M. Hop. " Nous avons conclu qu'il était nécessaire d'introduire la production d'aliments pour animaux en Côte d'Ivoire"
Démarrage d'une unité d'exploitation 101
"Les opportunités qui nous étaient offertes sur le marché étaient évidentes ", précise M. Hop rétrospectivement. "En passant de l'exportation de concentrés à la production locale d'aliments pour animaux de haute qualité, nous pouvions répondre aux besoins de nos clients et du marché ivoirien et contribuer ainsi à la création de valeur au niveau local." Pour avoir une idée claire de la situation du marché et des risques potentiels, il a consulté les parties prenantes néerlandaises aux Pays-Bas et en Côte d'Ivoire. " L'ambassade des Pays-Bas et le ministère du Commerce nous ont fourni des informations précieuses, tout comme d'autres entreprises déjà implantées en Côte d'Ivoire, comme Heineken et FrieslandCampina."
Lorsque M. Hop et W. Bolder ont présenté leur business case à Co et Koen de Heus, l'approbation ne s'est pas fait attendre. "Et comme j'avais élaboré le business case, ils m'ont demandé si je pouvais le mettre en œuvre également." Avant la fin de l'année, M. Hop avait décroché le poste de General Manager de la toute nouvelle unité exploitation en devenir de De Heus.
Un intervenant local précieux
Le site de production devait être construit dans une zone industrielle réservée, à la périphérie d'Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire. Lorsque le moment est venu de solliciter un financement pour l'investissement et les permis de construire nécessaires au lancement de la production, M. Hop a réalisé qu'il avait besoin de l'aide d'un intervenant sachant naviguer au sein de l'administration locale. Il a appelé le cabinet d'expertise comptable local Koudijs et lui a demandé s'il connaissait quelqu'un capable d'accomplir cette mission. Et la chance fut au rendez-vous. Fort de son expérience professionnelle antérieure dans le domaine de la finance et de l'audit, Cédric Gnamba connaissait les principes, les lois et les réglementations locales. En tant que premier manager et Abidjanais officiellement embauché pour la nouvelle unité d'exploitation, " il a pu obtenir les signatures nécessaires beaucoup plus rapidement que je n'aurais jamais pu le faire" , explique M. Hop. C. Gnamba sourit lorsqu'il se souvient de la situation initiale. "Je savais à quels représentants officiels m'adresser et connaissais la procédure optimale à suivre dans le cadre du système local de permis de construire. Cela nous a permis d'accélérer le processus d'enregistrement des propriétés et de gagner au moins deux mois."
Découvrez notre approche pour prendre soin de la prochaine génération
Découvrez notre approche pour prendre soin de la prochaine générationUn effet boule de neige pour l'emploi local
L'usine répondra aux normes de qualité les plus strictes appliquées par De Heus partout dans le monde. "De la conception aux processus de production et aux machines, nous importons les meilleurs équipements et technologies disponibles d'Europe", explique M. Hop. Pour la construction, un entrepreneur local a embauché près de 250 personnes qui travailleront sur le site. "Une fois l'usine opérationnelle, je m'attends à accueillir plus de 150 collaborateurs qui travailleront dans les bureaux et sur le site, afin de pourvoir à des postes importants de techniciens, de conducteurs de machines et de responsables de l'assurance qualité. À mesure que nos activités se développent, chaque emploi direct crée cinq emplois indirects, ce qui continuera à contribuer au développement de l'économie locale et à améliorer les moyens de subsistance des Ivoiriens."
C'est une formidable opportunité pour les partenaires de la chaîne, qui doivent également accroître leurs efforts. Grâce à ses activités Koudijs, De Heus a créé un vaste réseau de concessionnaires qui revendent ses produits alimentaires pour animaux et rendent visite aux agriculteurs pour leur offrir leur soutien sur l'exploitation. "En augmentant l'offre locale d'aliments pour animaux, nous augmentons la production de nos clients et notre base de clientèle. Cela signifie que le réseau de concessionnaires va pouvoir se développer avec nous." De Heus dispose actuellement de 80 points de vente en Côte d'Ivoire. Un nombre que M. Hop souhaite doubler. "Plus notre réseau s'étendra, plus nous pourrons toucher d'agriculteurs. Nous sommes en train de mettre sur pied un programme de soutien pour aider nos distributeurs à se développer."
En passant de l'importation à la production locale, M. Hop analyse également la chaîne en amont. "D'ici trois ans, l'usine atteindra sa pleine capacité. Notre objectif, d'ici 2025, est de nous approvisionner en matières premières localement à concurrence de 80 000 Mt par an" , explique M. Hop. "Nous avons déjà passé des contrats avec 500 agriculteurs auxquels nous fournissons une garantie de débouchés à des prix de marché équitables." M. Hop a également dressé des plans avec d'autres entreprises alimentaires de Côte d'Ivoire en vue d'utiliser leurs flux secondaires et de donner ainsi une seconde vie à des nutriments précieux. "Heineken nous fournira de la levure de bière, les meuniers fournissent du son de blé, et les transformateurs de conserves de poisson, de la farine de poisson."
"Notre objectif, d'ici 2025, est de nous approvisionner localement en matières premières à concurrence de 80 000 Mt par an."
Et les consommateurs ivoiriens ? C. Gnamba a déjà fait le calcul. "En fournissant des aliments pour animaux locaux produits à partir de matières premières locales, nous évitons le paiement de taxes et pouvons offrir aux éleveurs des aliments de qualité supérieure à des prix plus bas. Nous espérons que cet avantage se répercutera sur le prix de la viande sur le marché, et que davantage d'Ivoiriens auront ainsi accès à des protéines animales sûres et nutritives."
La synergie ancrée dans des objectifs communs
La construction de l'usine a officiellement commencé en septembre 2021. Un moment important, non seulement pour De Heus, mais aussi pour les agriculteurs ivoiriens, les administrations locales et le gouvernement national, et même pour les concurrents locaux – tous présents lors de la cérémonie de pose de la première pierre. " Tous réalisent que si l'ensemble du marché se développe, leur part se développe aussi ", explique M. Hop. " De Heus ne souhaite pas bousculer l'ordre établi, mais contribuer au développement du marché initié par eux il y a dix ans."
Une fois l'usine en service, M. Hop a pour projet d'investir dans le développement durable de l'agriculture en Côte d'Ivoire. S'inspirant d'autres unités d'exploitation de De Heus, il entrevoit des possibilités d'investissement en amont et en aval de la chaîne de valeur. En permettant aux éleveurs de se procurer plus facilement des pondeuses d'un jour et des poulets de chair d'un jour de qualité, par exemple. " Les pondeuses d'un jour et les œufs à couver sont actuellement importés d'Europe par fret aérien, ce qui est très coûteux. En investissant dans la production locale, la disponibilité locale augmentera tout en infléchissant les prix ", explique-t-il. " Nos partenaires locaux Allart de Winter et Beaujeannot Kengne de Poussin d'Or ont déjà fait le premier pas en investissant dans un couvoir qui peut produire 250 000 poulets de chair d'un jour par semaine. La prochaine étape logique est de s'intéresser à la production locale d'œufs à couver."
Mise en place d'un programme
Dans le cadre d'un partenariat avec Rabobank, Cemoi et Yara, De Heus Côte d'Ivoire met en place un programme visant à aider les coopératives cacaoyères à passer de la monorécolte à la culture multiple. Chaque partenaire apporte sa propre expertise pour faciliter la transition. En tant que chocolatier, Cemoi dispose d'une importante base de cacaoculteurs désireux de diversifier leurs revenus. Et en tant que fournisseur d'engrais et de semences, Yara possède le savoir-faire en matière de culture. Le revenu des cacaoculteurs est actuellement basé sur une seule récolte par an. En les aidant à diversifier leurs cultures, ils peuvent récolter plusieurs fois par an, ce qui signifie un flux régulier de revenus. De Heus peut en fin de compte leur acheter le maïs qu'ils cultivent pour sa production locale d'aliments pour animaux.